Publié le 08 juin 2025 - Actualité politique

Fact-checking : Patrick Cohen est-il tombé dans le populisme anti-parlementaire ?

Image post

Le 30 mai dernier, sur le plateau de C à vous, le chroniqueur Patrick Cohen affirmait, à propos du vote sur la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), "que les députés écolos n'étaient pas à l'Assemblée, ils ont séché le vote". Une déclaration inexacte pour au moins trois raisons. On vous explique.

 

1. Tous les députés ne sont pas systématiquement présents dans l'hémicycle

Comme nous l'avons déjà expliqué dans un précédent article, le travail parlementaire ne se limite pas aux votes dans l'hémicycle. Un député siège en commission, se rend en circonscription, rédige des rapports ou des amendements, participe à des missions d'information ou des commissions d'enquête.

Le 28 mai après-midi, alors que se tenaient les débats sur l'article 15ter (au cœur de ce vote), plus d'une dizaine de réunions parlementaires se déroulaient simultanément : mission d'évaluation sur la transition des stations de montagne, commission d'enquête sur TikTok, groupe d'amitié France-Serbie, commission des finances, etc. Autant de réunions qui expliquent l'absence d'un bon nombre de parlementaires dans l'hémicycle.

Il est courant à l'Assemblée nationale que seuls certains membres de chaque groupe politique soient présents pour un vote dans l'hémicycle. Les députés présents sont souvent ceux ayant la plus forte expertise sur le vote en question. Ce sont les votes solennels, à la fin des débats parlementaires, qui mobilisent le plus grand nombre de députés.

 

2. Le groupe Écologiste et Social faisait partie des plus mobilisés...

Contrairement aux propos de Patrick Cohen, 37% des membres du groupe ECOS étaient présents au moment du vote, un taux parmi les plus élevés, derrière le Rassemblement national (46%) et France insoumise (38%).

Des députés écologistes ont même défendu leurs amendements et expliqué leur position en séance, comme Sandra Regol, que nous avons citée dans notre analyse du scrutin.

Affirmer qu'ils ont "séché le vote" relève donc d'un manque de précision journalistique, Patrick Cohen offrant aucune comparaison avec les autres groupes politiques.

3. La participation totale des députés écologistes n'aurait pas changé le résultat

Même en ajoutant les 24 députés écologistes absents, le résultat du vote n'aurait pas été modifié : l'écart restait de 33 voix en faveur de la suppression des ZFE. Contrairement à ce que laisse entendre Patrick Cohen, le groupe ECOS n'avait pas la capacité, à lui seul, de faire basculer le scrutin.

A l'inverse, les groupes macronistes (EPR et HOR), également opposés à la suppression des ZFE, affichaient un taux d'absentéisme plus élevé. Leur mobilisation aurait pu faire la différence, un point que Patrick Cohen n'a pourtant pas jugé utile de mentionner.
 

Sortie de route pour Patrick Cohen ?

Les propos du chroniqueur de C à vous (France 5) manquent de rigueur journalistique. Nous ne pouvons que lui conseiller, à l'avenir, de consulter des sources fiables comme Datan.

Chez Datan, nous réaffirmons notre engagement pour une information fondée sur des faits vérifiables. Notre outil, neutre et accessible à tous (journalistes compris), vise à rendre l'activité parlementaire plus compréhensible.

Nous déplorons que certaines figures médiatiques propagent des informations erronées ou incomplètes, en particulier sur le service public. Ce type de discours alimente la défiance envers la démocratie et ses représentants.

 

Crédit image : Capture d’écran de l’émission C à vous – France 5 (YouTube, C à vous – France Télévisions), diffusée le 30 mai 2025 – URL : https://www.youtube.com/watch?v=hHrvAakdLA8&t=103s&ab_channel=C%C3%A0vous-FranceT%C3%A9l%C3%A9visions
Utilisée dans un cadre d’analyse critique, conformément à l’article L122-5 du Code de la propriété intellectuelle.