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LÉGISLATURE 15 - VOTE n° 2155

L'amendement n° 1852 de M. Orphelin et l'amendement identique suivant à l'article 18 du projet de loi de finances pour 2020 (première lecture).

REJETÉ
POUR 10
ABSTENTION 2
CONTRE 50

Résultat du vote

Les députés ont rejeté le 17 octobre 2019 l'amendement n° 1852 de M. Orphelin et l'amendement identique suivant à l'article 18 du projet de loi de finances pour 2020 (première lecture).

Au total, 62 députés ont pris part au vote : 81 % ont voté contre, 16 % ont voté en faveur, et 3 % se sont abstenus.

Infos

Date 17 octobre 2019
Type de vote Amendement
Dossier Loi de finances 2020

La position des groupes

POUR
Non inscrit
Libertés et Territoires
Gauche démocrate et républicaine
La France insoumise
CONTRE
UDI, Agir et Indépendants
Les Républicains
Mouvement Démocrate et apparentés
La République en Marche

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Date 17 octobre 2019
Type de vote Amendement
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L'auteur de l'amendement

Un amendement est un texte, déposé par un ou plusieurs députés, qui vise à modifier un projet ou une proposition de loi. Il y a un auteur principal, mais un amendement peut être cosigné par plusieurs députés.

Matthieu Orphelin

Matthieu Orphelin

Maine-et-Loire (49)

Les votes des députés et des groupes

Exposé des motifs de l'amendement

L'objectif d'un amendement est de modifier ou d'ajouter une mesure d'un projet ou d'une proposition de loi. Le ou les députés qui rédigent l'amendement écrivent également un exposé des motifs.

Cet amendement vise à intégrer au calcul du « malus » automobile la question du poids des véhicules. Le malus comprendrait alors deux composantes complémentaires : les émissions de CO2 et la masse du véhicule.

Comme le souligne le très récent rapport de France Stratégie, les émissions de CO2 des voitures neuves en conditions de conduite réelle n’ont quasiment pas baissé depuis vingt ans. Ce bilan, malgré des avancées technologiques majeures et des objectifs européens clairs (95 g de CO2 en 2021 contre plus de 120 en 2018), est surtout la conséquence d’une réorientation des ventes vers des véhicules plus lourds.

 En effet, le poids moyen des voitures neuves a considérablement augmenté – de 10 kg par an en 50 ans en France –, au point de surcompenser la baisse des émissions gagnée via l’optimisation des rendements des moteurs ou l’amélioration de l’aérodynamique. Il a été tiré vers le haut par l’augmentation très forte des ventes de SUV, jusqu’à 1 fois et demie à deux fois plus lourds que des citadines standards, qui comptent aujourd’hui pour un tiers du marché européen (40 % du marché français). La réduction des ventes en motorisations diesel - pour les raisons sanitaires et écologiques que nous connaissons - et la faible croissance de celles de l’électrique contribuent à faire de ces véhicules de véritable gouffres énergétiques : en 2017 et 2018, les émissions mesurées en laboratoire ont augmenté pour la première fois depuis 25 ans.

De plus, l’augmentation du poids des véhicules pose de sérieux problèmes même lorsqu’elle concerne des véhicules dits « propres ». Comme pour le thermique, l’augmentation du poids génère une augmentation de la consommation d’énergie. Par ailleurs, la production de ces grands véhicules est particulièrement consommatrice en ressources naturelles et en énergie, notamment lorsque d’imposantes batteries électriques sont nécessaires. Selon France Stratégie, un gros SUV électrique peut émettre plus de CO2 sur son cycle de vie qu’une petite voiture essence.

Prendre en compte le poids du véhicule dans le calcul du bonus/malus écologique est donc essentiel pour répondre aux défis actuels et intégrer les évolutions de la demande et des comportements.

Un dispositif comparable est appliqué par la Norvège, qui a atteint dès 2016 l’objectif européen des 95 gCO2/km à l’échelle de la flotte de véhicules vendus.

Notons qu’un tel dispositif permettrait d’inciter les constructeurs à fabriquer des voitures plus légères mais aussi d’avantager les petites voitures sobres en énergie, qui restent souvent celles achetées par les ménages modestes, et de désavantager les gros véhicules « luxe » qui bénéficient parfois aujourd’hui de bonus sans être écologiquement responsables.

Par ailleurs, les véhicules lourds comme les SUV posent de vraies questions de sécurité, tant pour les occupants des véhicules que pour les autres usagers de la voie publique. L’impression de sécurité générée par la hauteur et la masse de ces véhicules contribue à encourager les prises de risque. D’après des études américaines, un occupant de SUV a 11 % de probabilité supplémentaire de subir des blessures fatales lors d’un accident et, en raison de leur hauteur, les SUV risquent deux fois plus d’infliger des blessures fatales aux piétons lors de chocs ou de se retourner lors d’accidents.

Le dispositif n’appliquerait de « malus poids » qu’aux véhicules de plus de 1300 kg - 1800 kg pour les véhicules électriques et 1700 kg pour les véhicules hybrides - un seuil qui exclurait de nombreux véhicules plébiscités par les Français, pour ne s’appliquer qu’aux véhicules les plus lourds. Le malus poids est plafonné à 10 000 euros.

Il protège les familles en appliquant une réfaction similaire à celle en vigueur pour les émissions de CO2 à la composante poids (300 kg ou 550 kg pour les véhicules hybrides et 650 kg pour les véhicules électriques). Il ne modifie pas l’exonération totale de malus pour les personnes présentant en handicap.

Les conditions d’assujettissement au malus poids sont récapitulées dans le tableau suivant :

Type de véhicule

Seuil de déclenchement du malus poids

Sans réfaction famille

Avec réfaction famille

 

 

Véhicule standard (essence ou diesel)

1300 kg

1600 kg

 

 

Véhicule hybride

1700 kg

1850 kg

 

 

Véhicule électrique

1800 kg

1950 kg

 

 

Rappelons qu’en 2018, 90 % des véhicules étaient soumis à un malus nul ou inférieur à 500 euros.

Les recettes supplémentaires tirées de ce nouveau dispositif permettront de financer le bonus automobile et de prime à la conversion. En cas d’excédents, il pourra permettre de renforcer ces mesures afin d’accompagner au mieux les ménages français dans la transition. Un bonus sur les voitures les plus légères pourrait aussi être envisagé afin de renforcer l’incitation à se tourner vers ces véhicules.

A titre indicatif, la formule proposée entraîne l’application des tarifs suivants :

Masse du véhicule (en kilogrammes)

Tarif 2020 (en euros)

Inférieure à 1300 (ex : Citroen Cactus, Polo, Corsa, Ford fiesta, Renault Captur, Peugeot 2008, Dacia Duster, C3 Crossair, 308, Seat Lean, Megane, Zoé grâce à la réfaction sur le poids, Grand Scénic en cas de réfaction familles nombreuses)

0

1350 (ex. Audi A3)

750

1400 (ex. Peugeot 3008)

1500

1500 (ex. Mercedes GLA, Grand Scénic, BMW X2)

3000

2000 (ex. Audi Q8)

10 000

2500 (ex. Tesla modèle X, Audi e-tron)

10 000

 

Source : Amendement sur le site de l'Assemblée nationale

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